À ceux qui pensent que « les enseignants ne sont pas dans la vraie vie », Thibault Cuénoud, professeur associé, pôle Stratégie, répond Hybridation de la pédagogie par le monde professionnel. Quand on met les étudiants en prise directe avec le territoire et les acteurs locaux, ça permet de faire émerger de nouveaux angles de vue.
La présentation de chiffres économiques par la directrice de la Banque de France, dans le genre hybridation, c’est un peu abrupt, non ?
Oui en effet ! Mais les principaux indicateurs économiques présentés avaient été vus en cours. La directrice de la Banque de France a sollicité l’École pour associer des étudiants à cette conférence du mardi 11 février afin qu’ils posent des questions avec leur regard à eux. Elle souhaitait que le monde professionnel se rende compte des attentes des jeunes à travers leurs questions, qu’elle a toutes validées en amont sans rien changer.
Quel était votre objectif de faire partager à 80 étudiants cette conférence ?
Mon objectif en tant que pédagogue était que les étudiants quant à eux se rendent compte du monde économique tel qu’il est, à côté de chez eux. Ils habitent ici pendant la durée de leurs études mais ils ne connaissent pas l’écosystème local et ses multiples enjeux. Le territoire de La Rochelle, ce n’est pas que la mer et le port !
En quoi cela relève-t-il de l’innovation pédagogique ?
L’école étant très tournée vers l’international, on parle souvent aux étudiants de super boîtes, avec un côté « glamour ». L’idée est d’introduire une perception de l’entreprise qui fait peut-être moins rêver mais qui est aussi la réalité.
Autre événement, le Hackathon le 14 février dernier. Même question, en quoi cela est-il une innovation pédagogique ?
Passer 48 h à plancher sur une thématique - en l’occurrence Territoire Zéro Carbone - permet de constituer des groupes aux compétences et dynamiques diverses qui s’émulent pour trouver des solutions innovantes et différenciantes. Les contraintes des uns peuvent devenir des forces pour les autres.
Les étudiants devaient imaginer Excelia en 2040. Vous ont-ils surpris ?
Les problèmes posés les ont perturbés car alors que la plupart du temps ils se projettent dans un monde ouvert, favorable, infini, cette fois ils étaient inscrits dans une démarche contraignante, limitante : non, en 2040 on ne peut pas imaginer de covoiturage car le quartier des Minimes sera totalement interdit aux voitures ! Nous avons constaté avec les partenaires que nos étudiants ont des valeurs fortement ancrées, comme la solidarité, mais qu’ils ne savent pas comment FAIRE du durable concrètement. Ils ont besoin de pratico-pratique. Cela nous a montré qu’on met une grosse pression sur les jeunes pour « changer le monde », mais il nous incombe de les accompagner.