Bruno Neil, directeur général d’Excelia, fait le point sur les nouveaux défis du groupe
À l’heure où le numérique bouleverse nombre de professions, Excelia veut mettre en place un nouveau modèle pédagogique afin que les jeunes diplômés puissent s’adapter plus facilement aux nouvelles exigences du marché de l’emploi et qu’ils soient mieux armés pour accompagner les entreprises dans leur transformation.
« Sud Ouest » Quel est le principal défi d’une structure d’excellence comme la vôtre ?
Bruno Neil: Il y a plusieurs enjeux. Le premier, c’est la disruption. Il s’agit de mettre en place un nouveau modèle pédagogique pour apprendre autrement. On est bousculés par un tsunami numérique au niveau de l’enseignement supérieur et il faut totalement revoir les modèles pédagogiques, les méthodes d’apprentissage, la façon de faire le cours, d’appréhender l’information, de la distribuer auprès des étudiants, de les accompagner dans leur développement. On doit adapter nos formats d’enseignement devant cette nouvelle génération de digital natives. C’est un enjeu essentiel. Derrière cela, il y a un impact sur la formation de nos enseignants, sur l’accompagnement des étudiants mais aussi sur le campus parce qu’il faut revisiter les espaces, créer davantage d’espaces de coworking, de fab lab (espaces dédiés à la production collaborative, NDLR) afin de développer l’entrepreneuriat et la création. Dans notre plan stratégique de 2020-2025 nous allons inscrire la réalisation d’un campus moderne, connecté qui puisse accompagner le développement numérique et technologique de nos enseignements. Cela signifie le développement du e-learning. On doit repenser la mise à disposition de ressources numériques nouvelles auprès des étudiants à travers la mise en place d’applications.
Comment vos enseignements permettent-ils à vos étudiants de s’adapter aux nouvelles exigences du marché de l’emploi ?
Bruno Neil: Le numérique bouleverse aussi les métiers. On sait qu’il y a des métiers qui vont disparaître dans cinq ans, par exemple, le métier de comptable. Cela veut dire que, pour nous, former au métier de comptable aujourd’hui n’a plus de sens. Ce qui signifie que, dans nos enseignements, on doit former des étudiants aux métiers qui n’existeront pas dans cinq ans. L’enjeu est là : former des jeunes à ce qu’ils puissent inventer le monde, les entreprises et les métiers de demain et non pas les former forcément à des expertises qui risquent de disparaître dans cinq ans. Nos enseignements doivent leur apporter davantage de soft skills (compétences comportementales, NDLR), des cours pour développer des aptitudes : capacité à raisonner, à écrire, à créer, à entreprendre. C’est un vrai défi de revoir nos dispositifs d’enseignement pour former à des aptitudes et pas seulement à des compétences. L’autre enjeu, c’est que nos jeunes diplômés puissent accompagner les entreprises dans leur transformation. Les entreprises ont bien sûr des besoins de métiers mais elles ont surtout aujourd’hui besoin de se transformer. Le numérique les a bousculées et il faut qu’elles mettent en place de nouveaux modèles. C’est une mission importante
de notre groupe : pouvoir accompagner les entreprises du territoire – et pas seulement du territoire – dans leur transformation. Elles ont besoin de jeunes étudiants qui les aident à réfléchir sur des nouveaux modèles, à développer des réseaux sociaux, à mettre en place une stratégie digitale. Devant ces polyvalences où, avec le numérique, on embrasse toutes les compétences, il faut que nous, Excelia, on puisse développer l’hybridation des savoirs, l’hybridation des compétences, marier les disciplines : ingénieur-commerce ; design-commerce, communication-commerce… Ouvrir des doubles diplômes avec d’autres écoles, d’autres formations du territoire ou de la France entière pour offrir des doubles parcours, des formations complémentaires.
Quelles relations entretenez-vous avec le monde socio-économique du territoire ?
Bruno Neil : On est une école de la Chambre de commerce, on est très lié avec le tissu du territoire. La stratégie de territorialisation de notre école nous a conduit à implanter, il y a deux ans, un campus à Niort pour répondre aux besoins des entreprises des Deux-Sèvres : assurances, mutuelles et transporteurs. On a créé des formations adaptées aux besoins de ces entreprises via la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) des Deux- Sèvres et on va développer un bachelor en transports logistiques pour les entreprises de Niort. On est toujours à l’écoute des besoins du territoire, d’où ce maillage avec les Chambres de commerce mais aussi avec les entreprises du territoire directement pour lesquelles nous développons la formation continue à travers Excelia Business School - Executive Education.
Recueilli par Ange Claudia Lipemh
Sud Ouest parution le Samedi 30 Mars 2019
Téléchargez l'intégralité du supplément Sud Ouest