Une pédagogie inclusive est un système d’apprentissage où la différence de chaque apprenant est la norme. Le formateur va alors penser sa formation en tenant compte de plusieurs critères (temporels, éducatifs, pédagogiques et ludiques) afin de la rendre la plus complète possible en matière d’expérience et de mémorisation. Cela inclut évidemment les différents types de handicaps.
Rappelons que le handicap ne se limite pas aux types de handicaps reconnus (mental, visuel, auditif, moteur, autisme, psychique, pluri handicap). De nombreux facteurs extérieurs et quotidiens peuvent *handicaper* un apprenant, d’autant plus que les handicaps peuvent être visibles ou invisibles.
Le participant à une formation peut présenter un handicap impactant comme une sclérose en plaques nécessitant une attention particulière de la part du formateur. Dans ce cas, il est important de prendre en compte cet élément pour adapter la formation en proposant une pédagogie inclusive. Le formateur peut proposer des échanges plus fréquents avec des séquences de jeux éducatifs en groupe ou en individuel.
Second exemple : un déficit d’attention prononcé ou un syndrome post-traumatique. Ces handicaps invisibles nuisent également à un bon apprentissage. Les prendre en considération dans la pédagogie de transmission de savoir permet à tous de gérer la formation avec une plus grande aisance. Cela peut se traduire par des séquences plus courtes d’apprentissage ou encore l’alternance des supports utilisés (vidéos, jeux, discussions, partages en groupes, etc.)
Bien entendu, tous les facteurs ne peuvent être pris en compte dans la formation, mais il est possible d’éliminer un certain nombre d’éléments lors de la conception de la formation elle-même, en utilisant notamment la pédagogie inclusive.
Voyons ensemble quels sont les points clés de cette pédagogie et comment l’appliquer concrètement aux formations.
Pédagogie inclusive : une méthode inspirante
Si une formation est conçue pour répondre aux besoins d’une personne en situation de handicap, elle sera forcément plus riche et plus adaptée à tous.
Étape 1 : Travail de préparation de la séquence
Dans un premier temps, on cherche à déterminer un **calendrier de progression pédagogique** en répondant, par exemple, aux questions suivantes :
- Combien de séances théoriques ? Pratiques ?
- Quelles sont les modalités d’évaluation retenues ?
- Quels outils utiliser provenant de la boîte à outils pédagogique ?
- Combien de temps laisse-t-on entre les révisions, l’évaluation et les corrections ?
Étape 2 : Les éléments de la séquence
On définit ensuite les éléments principaux de la séquence. La présentation sous forme de tableau est très pratique.
Exemple de tableau de séquences
Il existe différents types de connaissances :
— **déclaratives** : connaissances théoriques comprenant des faits, des règles, des lois ou autres éléments à connaître par cœur.
— **procédurales** : connaissances conduisant à la réalisation d’une procédure ou d’une méthode à suivre en passant par des actions précises.
— **conditionnelles** : aussi appelées connaissances stratégiques, elles constituent l’application des procédures ou méthodes de son choix.
Étape 3 : Les éléments complémentaires
Pour finir, on recherche des **solutions attractives** pour enrichir la présentation des connaissances de manière plus dynamique. Une mallette d’outils pédagogiques est un excellent moyen d’y parvenir. On peut, par exemple, organiser des défis ou des challenges en groupe ou en solo pour aller plus loin dans l’apprentissage. Cette partie complémentaire doit être une séquence courte (maximum 45 minutes) pour avoir un impact maximal.
Proposition d'une séquence réalisée en pédagogie inclusive
L’apprentissage proposé se déroule sur 60 minutes de cours pour 45 minutes de pédagogie. Il sera donc divisé en séquences chronométrées afin de garder un rythme pertinent.
Séquence 1 : 5 minutes
Pour commencer en douceur, le formateur accueille ses apprenants dans la classe et les laisse s’installer en les observant. Il attend que tout le monde soit assis pour proposer un moment calme comme une séance de respiration, de relaxation ou de détente pour apaiser les esprits agités le plus possible, capter l’attention et permettre la concentration plus rapidement. Cette technique est particulièrement efficace avec les enfants, mais aussi avec les adultes après le déjeuner.
En procédant ainsi, le formateur impose le calme tout en douceur, réduit le stress de chacun et surtout permet de relativiser le quotidien. On place les apprenants dans une position d’étudiant. Ils sont immédiatement actifs et non plus passifs.
Séquence 2 : 5 minutes
Durant le temps suivant, le formateur présente les objectifs de la séance, au nombre de 2 à 3. Il établit rapidement le lien entre les objectifs et les notions essentielles à connaître. En fin d’apprentissage, une fiche de notions importantes peut être proposée, ou même réalisée pendant le cours.
Ce temps court permet de solliciter l’attention des apprenants. Ils peuvent s’y référer à tout moment pour savoir s’ils ont compris la notion. Cette étape favorise un engagement actif de la part de tous. On constate aussi que la concentration est augmentée, car la cible est directement et clairement désignée.
Séquence 3 : 15 minutes
Après la présentation des objectifs, il est temps de passer aux choses concrètes. La première notion est présentée. On passe par les étapes classiques: définition, explications, théorie ou arguments, exemples. Le formateur propose systématiquement un exercice de reformulation sous la forme d’un quiz, d’un sondage ou d’une évaluation vrai/faux.
Les apprenants réalisent alors un support qui leur appartient, mais le formateur peut aussi les guider en proposant des idées : cartes mentales, tableaux, listes, dessins, maquettes, ou autres. On sollicite notamment le travail de mémorisation, pour vérifier que le sujet est bien compris.
Idéalement, le formateur dispose d’un **catalogue de points erronés**. Il s’en sert pour stimuler l’attention et faire réagir les participants. Un catalogue des points erronés est un document qui peut s’enrichir avec le temps et les formations. Il recense les difficultés rencontrées par les participants ainsi que leur cheminement de pensées. Pour le construire, on peut partir des idées reçues sur le sujet concerné et utiliser la carte mentale pour comprendre le chemin de pensée, le décortiquer et s’en servir pour aider les participants à passer outre. Ce document est personnel pour le formateur. Il lui permet également de s’en servir pour construire des examens ou des contrôles de connaissances afin de détecter les participants qui ne sont pas manifestés pendant le cours, mais qui ont ce schéma de pensée. Le QCM est l’outil le plus facile à utiliser dans ce cas.
Séquence 4 : 15 minutes
Dans cette partie, le formateur applique la même méthodologie que dans la séquence 3 en introduisant la seconde notion. Si vous n’avez qu’une seule notion à présenter, cette partie peut vous servir à consolider la notion en proposant un exercice concret à réaliser en binôme ou seul.
Le travail en binôme ou en équipe permet l’échange et le partage d’informations. Cela donne généralement des résultats surprenants. Dans le cas où vous auriez 3 notions à présenter, assurez-vous que vos séquences durent 10 minutes chacune en appliquant la même méthode.
Séquence 5 : 10 minutes
On arrive au bout de la séance d’apprentissage, et il est temps de récapituler les notions étudiées. C’est le moment de proposer un exemple de support corrigé. Le formateur peut alors poser de nouvelles questions (peut-être sous la forme d’un jeu) pour préparer l’évaluation à venir, éveiller la vigilance des apprenants en les questionnant, en proposant à un participant de lire ses notes personnelles ou de présenter son support aux autres… ce travail peut être réalisé en binôme ou en groupe pour favoriser une meilleure compréhension.
Autre possibilité : le formateur peut proposer un exercice de niveau plus élevé pour mettre les apprenants devant un nouveau questionnement. Autre possibilité : le formateur propose la réalisation d’une fiche de révision au format qui convient aux apprenants comme la mind map, le sketch note ou tout autre support disponible…
Le formateur conclut alors le cours en donnant la fiche de révision ou en indiquant aux participants la thématique traitée à la prochaine séance.
Le handicap dans tout ça ?
Cette technique inclut complètement les éléments permettant aux personnes en situation de handicap de s’intégrer :
- le calme est installé au départ, permettant à tous les participants de se sentir impliqués dès la première minute;
- la concentration et l’attention sont rattrapées régulièrement en passant d’une séquence à l’autre, empêchant le participant de s’ennuyer ou de décrocher;
- l’implication est accentuée par des exercices concrets et la réalisation d’un outil de mémorisation personnelle;
- les jeux éducatifs proposés et/ou le travail en binôme permettent à la personne en situation de handicap de partager avec d’autres participants, d’échanger et surtout de pouvoir poser des questions et obtenir des réponses plus facilement (pas de timidité face à un camarade ou un autre étudiant).
Bien entendu, si vous avez accès aux nouvelles technologies, des milliers de possibilités s’offrent à vous. En tant que formateur, vous pouvez proposer des jeux en ligne, des questionnaires à remplir, des supports interactifs… C’est à vous d’enseigner maintenant !
Pour aller plus loin :
Charte d'accessibilité de la communication de l'état - Service d'information du gouvernement
Agefiph, ouvrir l'emploi aux personnes handicapées
HANDICAP ET FORMATION (padlet.com)