Grande année de célébration et de projection au menu du cinquantenaire de la Conférence des Grandes Ecoles créée le 16 mai 1973 par onze écoles d’ingénieurs et une école de management réunies à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Métiers (ENSAM) pour son acte constitutif. Les festivités ont été lancées par le Congrès-Anniversaire les 13 et 14 mars 2023 à la cité internationale universitaire de Paris, prélude à une journée nationale de célébration le 16 mai 2023 et à des Assises de la CGE à l’automne 2023. Petite mise en perspective des principales tendances qui émergent au moment où la communauté des grandes écoles se souvient et se projette vers l’avenir après un demi-siècle d’engagement.
L’âge mûr pour une communauté riche de 235 membres, active, déterminée, rassemblée et orientée vers la qualité et l’excellence par-delà leur diversité.
Le Congrès-Anniversaire a été l’occasion de reprendre conscience et de caractériser à nouveau ce qui rassemble désormais, cinquante ans après, une communauté riche de 235 membres ayant en partage le modèle « grande école » et concourant à l’intérêt général de l’ESR dans notre pays (141 écoles d’ingénieurs, 41 écoles de management et 40 écoles d’autres spécialités telles qu’art, design, architecture, police, sciences politiques, …). Au total, les écoles de la CGE représentent à notre époque près de 400 000 étudiants dont près des deux tiers sont inscrits en formation principale « grande école ». La présidence de la CGE - Laurent Champaney - insiste à cet égard avec force en cette année anniversaire sur le fait que si ces établissements peuvent différer en matière de champ disciplinaire, de statut ou de taille, toutes les grandes écoles sont animées par la même exigence de défense de la qualité des formations et d’excellence de leurs activités. Celles-ci passent notamment, outre la qualité des élèves elle-même, par l’adossement à la recherche et l’orientation vers le monde socio-économique : « les Grandes écoles sont le laboratoire où l'on invente les entreprises responsables de demain, grâce à la formation de celles et ceux qui les porteront, et à l'impact de leur recherche » indique volontiers le président de la CGE.
Des défis de la cinquantaine reformulés pour l’avenir dans une logique d’amélioration continue et dans une perspective d’avenir
La célébration du Cinquantenaire a été conçue par les équipes du commissariat aux 50 ans et de la délégation, sous le haut patronage du bureau de la CGE, comme un exercice autant rétrospectif que résolument prospectif. Dans ce cadre, l’ensemble des tables rondes qui ont été imaginées (« grandes écoles et excellence », « grande écoles et ouverture », « grandes écoles et développement durable », « grandes écoles et territoires », « grandes écoles et international », tables rondes flash avec les présidents des Bureaux des Elèves, tables rondes flash des présidents de la CGE) ont conduit à faire émerger, tant dans leur préparation que dans leur animation, des défis importants pour l’avenir, quelquefois en pleine continuité avec ceux d’hier, quelquefois plus en rupture.
Parmi les idées clés qui ont émergé durant les débats de manière globale et récurrente, citons-en quelques-unes, reprises par les contributeurs aux débats et les anciens présidents de la CGE, invités à faire le trait d’union entre le passé et l’avenir :
- les grandes écoles doivent contribuer aux solutions d’avenir face aux enjeux monumentaux de la transition écologique et sociétale et en ce sens prendre leur place dans des représentations nouvelles, « en emboîtement », c’est-à-dire mixant les sciences du vivant, les sciences sociales et les technologies, dans une logique d’interdisciplinarité porteuse de davantage d’impact et de transformation.
- le défi de la diversité et de l’inclusion reste plus que jamais entier face à l’avenir avec un besoin de promouvoir la diversité et le renouveau des voies et de profils d’accès de manière permanente comme un levier de vitalisation des viviers de talents et de performance, pour lequel il reste du chemin.
- articuler le temps long de la recherche et du monde académique avec les transformations rapides du monde industriel et économique dans un dialogue renouvelé avec les entreprises pour générer à la fois connaissance et impact.
- mieux associer la voix des étudiants dans les évolutions du modèle et la gouvernance des établissements, car ce sont eux qui feront le futur et qui ont davantage d’impact sur leurs pairs.
- réinventer encore l’expérience étudiante et les modèles d’apprentissage du futur ;
- saisir « l’extraordinaire opportunité du marché international » et accélérer encore le rôle de référence des grandes écoles à la française sur ce sujet.
Plus que jamais animées par le souci de défendre une certaine tradition d’enseignement supérieur qui a porté ses fruits au fur et à mesure des années, les grandes écoles ont donc saisi l’occasion de l’anniversaire de la CGE pour à la fois défendre et illustrer le fait « grande école », c’est-à-dire une certaine idée de l’enseignement supérieur et de la recherche mélange d’excellence, d’efficience et d’innovation pour reprendre l’expression de Philippe Jamet et en même temps se livrer avec lucidité à un exercice volontariste de projection dans l’avenir. 2073 est seulement dans cinquante ans, les Assises de l’automne 2023 en sèmeront certainement les graines en s’appuyant sur les débats et les propositions d’avenir issues des établissements.