La pédagogie par projet, une nouveauté ? Pas vraiment…
Dès la fin du 19e siècle l'apprentissage par projet faisait partie intégrante de l'enseignement primaire. L'une des toutes premières expériences réalisées dans ce sens a été mise en œuvre dans l'école-laboratoire fondée par le philosophe et pédagogue John Dewey (1859-1952), école rattachée à l'Université de Chicago.
C’est grâce à cette pédagogie que les jeunes élèves apprenaient à lire, écrire, compter, à être attentifs aux autres… John Dewey estimait déjà à l’époque que, pour apprendre, les jeunes devaient être actifs, qu’ils devaient apprendre à penser, à résoudre des problèmes, afin de se préparer à vivre en société et apprendre ainsi à collaborer avec d’autres personnes.
Aujourd’hui, l’OCDE a identifié dans son Learning Compass 2030, trois compétences transformatives indispensables aux étudiants, afin qu’ils participent à l’élaboration d’un monde complexe nouveau.
- La première de ces compétences réside dans la faculté à créer de la valeur ajoutée pour favoriser l’autonomie, la conduite des changements, l’innovation (création de nouveaux métiers, nouveaux services, nouvelles techniques, nouvelles stratégies…). C’est par le questionnement que l’on développe ces compétences et que l’on réfléchit « out of the box ».
- La deuxième compétence concerne la capacité à gérer les dilemmes, les idées ou les positions contradictoires. Les étudiants doivent apprendre à argumenter pour défendre leur position et trouver ainsi des solutions pratiques aux situations tendues ou conflictuelles.
- Enfin, la troisième compétence relève de la responsabilité sociétale de chacun. Les étudiants doivent être conscients de l’impact de leurs actions envers les autres mais également envers la planète.
C’est donc dans cette perspective que nous avons souhaité élaborer, pour la rentrée de Septembre 2020, un programme qui rompt avec une approche pédagogique classique et qui se base exclusivement sur une pédagogie par projet.
Il s’agit du Bachelor Foundation Year (ou Cycle Préparatoire Bachelor).
Ce programme, crédité de 60 ECTS, équivaut à une première année Bachelor. Il donne accès à un Bachelor 2ème année (BBA, Bachelor Business, Digital ou Tourisme) et s’adresse à de jeunes Bacheliers qui, pour une raison ou une autre, cherchent encore leur orientation. Certains d’entre eux ont eu une première expérience peu concluante sur les bancs de la Fac ou ont tout simplement décroché des bancs de l’école. Ils sont donc en réflexion quant à leur poursuite d’études et trouvent dans le Bachelor Foundation Year une véritable opportunité pour relancer leur parcours d’études.
Afin de cadrer au mieux avec le profil des jeunes attirés par cette formation, il nous est apparu essentiel de réfléchir à une approche pédagogique différenciée, centrée sur l’étudiant et la valorisation de ses compétences. Learning by doing ou pédagogie par projet est donc une approche qui devrait motiver l’étudiant puisqu’il devient acteur de son apprentissage.
Notre objectif :
Faire de ce programme pilote une source de créativité, de dynamisme et de travail en équipe. Il sera question de développer la responsabilité sociétale des apprenants, de les accompagner pour qu’ils développent les compétences clés indispensables à l’évolution d’un monde en perpétuel mouvance. Les challenges qui se profilent à l’horizon seront centrés sur l’innovation, la création de nouveaux métiers et services, le développement des savoirs, la construction de nouvelles perspectives, de nouvelles technologies et de nouvelles solutions …
Le Bachelor Foundation Year, dans sa nouvelle version, cible donc les compétences transverses communes aux 6 impératifs pédagogiques d'Excelia et respecte l’alignement stratégique du projet pédagogique défini.
Pour cela, nous avons identifié un axe central, un fil rouge en lien avec le développement durable, l’économie circulaire, ou la RSE. C’est pourquoi, tous les projets que les étudiants mèneront seront étroitement liés à cet axe fédérateur et seront menés, dans la mesure du possible, en étroite collaboration avec des entreprises locales. Il s’agira pour nous d’impulser auprès de nos apprenants une véritable mise en responsabilité, afin qu’ils développent leur capacité à innover, à consolider leurs valeurs sociales et à conduire les changements.
Quelques exemples de projets encadrés :
- La gestion d’un événement scientifique et professionnel tel que le forum de l’Intelligence Artificielle.
Son intérêt : sensibiliser nos jeunes à l’émergence de l’IA et de sa relation avec l’Humain, les Organisations, la Société ; - L’élaboration d’un EduParcours de 3 jours avec visites d’entreprises ;
- La création d’une entreprise durable ;
- Le développement d’une entreprise à l’international ;
- Une étude de cas en Management des entreprises éco-touristiques ;
- Des ateliers de programmation pour développer des applications web et mobiles ;
- Des missions solidaires en collaboration avec associations locales.
Ce programme pilote est ambitieux et pose de nombreux challenges à relever car, à ce jour, il est le seul programme du Groupe Excelia à évoluer entièrement vers une pédagogie exclusive en mode projet.
La principale difficulté réside dans la rupture nette et franche avec les enseignements traditionnels où le rôle de l’enseignant et celui de l’apprenant sont questionnés. L’enseignant devient conseiller, facilitateur, animateur, coach… il n’apporte pas la réponse mais aide au questionnement.
L’apprenant, quant à lui, mobilise ses savoirs et ses compétences pour construire les projets. Il sera amené à problématiser, s’informer, se documenter, contrôler, critiquer, planifier, communiquer… Il construira son savoir au fur et à mesure de la réalisation des projets en commettant des erreurs qui feront partie intégrante de son processus d’apprentissage. L’un des challenges réside dans l’acceptation de l’erreur, levier essentiel pour l’acquisition de connaissances nouvelles.
Autre défi à relever, celui de l’évaluation.
Comme tout dispositif faisant appel aux compétences et étant dépendant de plusieurs disciplines, l’apprentissage par projet pose question quant au mode d’évaluation. Il ne s’agit plus d’évaluer l’apprenant dans le cadre formel classique mais de réfléchir à une évaluation plus adaptée et transverse respectant tant le travail de l’individu que celui du groupe.
La mobilisation du corps professoral ainsi que la coordination pédagogique seront centrales. Cette pédagogie par projet va mobiliser des enseignants motivés, souvent expérimentés dans cette approche mais surtout ouverts à l’innovation pédagogique et n’hésitant pas à se remettre en question.
Nous comptons beaucoup sur leur implication, leur ouverture d’esprit car ils sont le moteur de la réussite de ce programme. Tous comme eux, si vous souhaitez contribuer à la réflexion, à l’encadrement ou à l’accompagnement de nos jeunes, n’hésitez pas à vous joindre à nous.
Nous ne serons jamais trop nombreux pour réfléchir « Out of the box »
Références :
- SLAVIN (Robert E.), « L’apprentissage coopératif : Pourquoi ça marche ? »
- Comment apprend-on ? La recherche au service de la pratique, CERI, (OCDE), 2010, p. 171-189
- L’apprentissage par projet : le point de vue de la recherche CATHERINE REVERDY [1] - TECHNOLOGIE 186 MAI-JUIN 2013
- http://www.oecd.org/education/2030-project/
- http://www.tact.fse.ulaval.ca/fr/html/sites/guidep.html#1.1