Ou comment le numérique peut nous abêtir si nous n’y prenons pas garde !
C’est un cri d’alarme que lance Michel Desmurget, docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’INSERM, aux adultes, parents, professeurs, éducateurs, citoyens que nous sommes.
Vous inciter à le lire, bien sûr, c’est l’objectif !
Cependant, la tâche n’est pas si aisée car cet ouvrage n’est pas à mettre au chapitre des bonnes nouvelles ou des informations légères et enthousiasmantes. Il s’inscrit davantage dans le registre d’un état des lieux, scientifiquement étayé, qui s’avère plutôt effrayant, dérangeant, voire même culpabilisant.
En revanche, l’excellente nouvelle est qu’il ne tient qu’à nous, à chacun de nous, d’inverser la tendance et en faisant preuve de courage chacun à son échelle !
Michel Desmurget démontre en reprenant les résultats de très nombreuses études scientifiques menées depuis de très nombreuses années, combien le numérique et les écrans sont en train de nous rendre apathiques et de nous assujettir, mettant en péril le développement de notre cerveau, de nos facultés cognitives et plus généralement notre santé.
Si la transformation numérique peut, par différents aspects, présenter de nombreux attraits, elle est en effet en train de bouleverser notre société bien plus profondément que nous l’imaginons et avec des impacts que nous méconnaissons.
Or, nous avons une responsabilité chacun en tant qu’adultes bien sûr, que parents mais également que pédagogues.
Dès la prime enfance, la consommation excessive d’écrans et de contenus dématérialisés pose problème.
C’est ce moment particulièrement critique du développement cognitif, des interactions, du langage que Michel Desmurget décortique. En effet, c’est à la fois :
- trop d’écrans sous toutes leurs formes (TV, tablettes, téléphones, ordinateurs),
- trop de temps chaque jour et toujours au détriment d’autres activités importantes (plusieurs heures quotidiennes en moyenne),
- depuis des âges extrêmement précoces (dès les premières années), et
- proposant un contenu inadapté voire inapproprié (sous couvert de contenu dit éducatif).
Ainsi, la mémoire, le langage, l’attention, le sommeil, etc. vont progressivement être impactés et ce, de manière plus ou moins irréversible.
Les conséquences ultérieures sont notamment, l’échec scolaire, les difficultés à se développer socialement et affectivement de manière satisfaisante, mais également, la majoration des risques d’obésité…
Les intérêts économiques sous-jacents, inhérent au développement de l’industrie du numérique, ont longtemps masqué, à grand renfort de communication et de rapports d’experts biaisés, ces impacts en le minimisant, voire en faisant des écrans dans leur ensemble et des contenus digitaux une « opportunité » pour le développement de nos enfants et de nos jeunes.
Nous avons perdu tout discernement et tout le recul nécessaire pour traiter de ces sujets.
C’est là qu’il nous faut individuellement puis collectivement faire preuve d’une forme de courage intellectuel.
Quelle société sommes-nous en train de construire ? quelle société souhaitons-nous demain pour nos enfants ? Sommes-nous encore capables de nous poser la question et d’y répondre avec la juste distance et la bonne information ?
La multiplication des informations, des sources d’information, la prolifération des réseaux sociaux où chacun donne son avis nous rend « sourd » et progressivement en moindre capacité de faire preuve d’esprit critique.
Submergés d’informations, très souvent contradictoires, nous allons trop vite vers les informations qui nous rassurent ou qui renforcent nos convictions spontanées. Il est en effet, plus difficile, exigeant en chronophage de creuser et vérifier les informations, la qualité des sources et de remettre en cause la facilité apparente offerte par ce monde digital.
Nous perdons alors le recul nécessaire pour faire des choix éclairés.
Parce que nous sommes tous concernés, tant personnellement que professionnellement, je vous invite à lire ce livre et à vous faire par vous-même une opinion.
« Moins d’écrans c’est plus de vie », ou comment devons-nous faire un usage mesuré et circonstancié des outils numériques notamment avec les plus jeunes.